De retour après un petit moment d'absence ! On continue la pression psychologique pour que vous ayez le récit des épisodes précédents (l'important c'est d'y croire), mais disons simplement qu'après une épique expédition bolivienne entre désert de sel et toucans avec Viviane, et dix jours de découverte de Lima (sa gastronomie, ses pisco sour) et de la Vallée Sacrée des Incas autour de Cusco avec la maman de Yo, nous nous sommes retrouvées toutes les deux avec un peu moins d'un mois à passer au Pérou.
On a commencé par prendre un bus (je sais, ça faisait longtmeps, ça nous manquait !) en direction d'Arequipa, une chouette ville au Sud-Est du Pérou, pas très loin de la frontière chilienne. On a au passage découvert la compagnie de bus la plus luxueuse du continent : Cruz del Sur - on avait carrément une tablette par siège pour regarder des films à volonté pendant le trajet ! Bon, ça aurait été mieux si celle de Yo n'avait pas planté et si celle de Mélo avait eu du son, mais tout de même, un net progrès par rapport à l'écran unique sur lequel passe un film en boucle pendant 14h...
En arrivant à Arequipa on avait de grands projets, notamment partir en expédition au canyon de Colca pour observer des condors, mais on s'est assez vite rendues compte que c'était un peu ambitieux (debout à 2h30 du matin, 6h de bus, puis 3h sur place pour re 6h de bus pour rentrer), et on s'est un peu trop attachées à la place centrale, ses petits musées, ses églises et ses restos (on ne se refait pas), alors on a plutôt passé une petite semaine à profiter de la super crêperie de l'alliance française et de la très belle vue sur les volcans des alentours. Il faut dire aussi que c'était notre première étape d'acclimatation avant le grand départ pour l'Inca Trail, il fallait se refaire des forces !
Une petite mention spéciale tout de même pour le couvent Santa Catalina, construit pour les filles de riches familles espagnoles au XVIème siècle (et qui compte toujours 14 soeurs), qui doit être l'un des plus grands et des plus luxueux qu'ont ait jamais vus ! Chaque "cellule" comporte une chambre, une cuisine attenante et une pièce au-dessus pour les domestiques (il pouvait y en avoir jusqu'à 4), et le couvent est traversé par 6 rues... On se croirait dans un village dans la ville. Aujourd'hui bien sûr les nonnes ne vivent plus comme autrefois, mais à l'époque où l'alternative était un mariage pas forcément choisi, on comprend presque l'attrait du couvent !
Tant qu'on est dans le thème, on s'est aussi retrouvées littéralement au milieu d'une procession en l'honneur du Seigneur des Miracles, apparemment célébré ici une semaine après Lima... Saisissant !
Après ces petites aventures nous avons repris le... bus... pour Cusco encore, avec cette fois-ci une petite semaine de préparation à 3 400 mètres d'altitude avant d'entamer l'Inca Trail (oui, ça nous faisait un peu peur...). On s'est vraiment attachées à cette ville, qui est il faut bien le dire assez incroyable : nichée dans une immense vallée, entourée de forteresses et de temples incas, parsemée de magnifiques bâtiments coloniaux et de murs incas conservés de manière impressionante... Le nombril du monde qechua ne laisse vraiment pas indifférent.
On a eu la chance de visiter plusieurs sites impressionants dont le Qoricancha, ce qu'il reste du plus grand et du plus beau temple de l'Empire Inca ; ses murs étaient recouverts d'or et on y apportait chaque année des statues en or représentant les animaux et les plantes que l'on souhaitait offrir aux Dieux, grandeur nature... Inutile de préciser qu'il a été intégralement pillé par les conquistadors, il ne reste pas une once de métal sur le site, aujourd'hui propriété du monastère dominicain construit par-dessus. On a aussi goûté à la spécialité locale, le cochon d'Inde rôti (si si), mais je vous épargnerai les détails...
Les choses sérieuses ont un peu commencé quand on a rejoint un groupe de notre auberge pour partir à la découverte d'une partie de la forteresse de Sacsayhuaman, située sur une colline qui surplombe la ville. Notre guide nous a emmenés faire un tour un petit peu atypique, dans des temples creusés dans la roche et des grottes assez impressionantes... On est d'ailleurs reparties avec lui le lendemain pour visiter d'autres sites autour de la forteresse et aux environs du temple de Q'enqo, où il nous a expliqué pas mal de choses sur ce que l'on sait des rituels incas et du rapport des qechuas à la terre-mère ; inattendu mais très chouette, sans compter bien sûr la beauté des paysages !
Le 7 novembre, on a enfin pris le chemin de notre agence (Wayki Trek, pour ceux qui voudraient tenter l'aventure ; on les recommande sur toute la ligne !) pour un petit briefing pré-randonnée, histoire de savoir un peu comment allaient s'organiser les 4 jours de marche. On est ensuite parties passer l'après-midi et la nuit dans la famille d'un de nos porteurs afin de le connaître un peu mieux (pour l'Inca Trail, il est indispensable de passer par une agence et donc d'avoir des porteurs ; pour un groupe total de 10 personnes comme le nôtre, il en fallait 16 et 2 cuisiniers, chacun portant environ 26 kg de tente, matériel de cuisine, provisions, un peu de nos affaires aussi, et ce sont définitivement devenus nos héros). C'était vraiment très chouette d'avoir la chance de discuter un peu avec eux, de leur donner un petit coup de main pour faire à manger... On a partagé l'aventure avec un couple d'Américains très sympas qui n'ont pas marché avec nous mais qu'on a retrouvés en arrivant, vraiment très chouette !
C'était aussi l'occasion de tester notre tente pour une première nuit de camping, un peu trop courte à notre goût puisque le réveil - comprendre, le coq du coin - a sonné à 4h30... A peine le temps de remballer et de prendre un petit déjeuner et le bus est venu nous chercher pour nous amener au départ du chemin, situé un peu plus loin dans la vallée. La météo n'était pas tout à fait de notre côté mais on ne s'est pas laissées abattre ; on a fait connaissance avec notre super guide Alfredo et les autres membres du groupe (on était répartis en 2 pour ne pas être plus que 8, on a donc marché avec deux Anglais et deux Espagnols très sympas), on a refait nos sacs une dernière fois, fait tamponner les passeports au départ, et en avant !
Le guide nous avait prévenues, le premier jour c'est entraînement, le deuxième c'est défi, le troisième c'est endurance, et on a pu constater qu'il avait raison sur toute la ligne ! Le premier jour on n'a eu que peu de dénivellé (quand même de 2 800 à 3 200 mètres, ce qui pour nous gens des plaines reste un peu agressif), un peu de pluie, des sites incas magnifiques, et environ 12 km à parcourir. Le lendemain c'était le pire, avec 1 200 mètres de dénivellé pour franchir le col de la Femme Morte (si, puisqu'il est entouré de rochers ayant la forme d'une femme allongée, ça fait toujours envie), soit environ 5h de montée sous la pluie et, parce que les Incas sont joueurs, essentiellement en grimpant des marches de pierre d'environ 30 cm de haut, avant bien sûr de redescendre 400 mètres sur les mêmes marches et toujours sous la pluie (si ça glisse pas ce n'est pas drôle). Et le troisième a commencé avec un petit col à 3900 mètres (à ce stade-là on dit petit joueur) avant de continuer en "plat péruvien" comme le disait si bien Alfredo, c'est à dire on monte, on descend, on remonte, on descend mais à flanc de vallée, sur environ 16 km. Voilà pour l'essentiel du trajet, mais ça ne rend pas justice à la chose...
C'était juste extraordinaire. Les paysages sont sublimes, les montagnes inatteignables (quand les sommets culminent à plus de 6 000 mètres, même à 4 200 mètres on se sent tout petit), les ruines surréalistes (on se demande encore comment ils ont amené ces pierres jusque-là alors qu'on avait du mal à s'y amener nous-mêmes)... C'est un vrai défi physique, du début à la fin, surtout le col où chaque kilo dans le sac pèse triple et où il faut s'arrêter toutes les 20 secondes pour reprendre son souffle, mais la récompense en vaut mille fois la peine. Dormir sous tente dans une vallée au milieu des Andes, avec pour seul voisin le bruit des cascades et les étoiles, passer dans des grottes improbables, manquer de glisser sur les marches en évitant les porteurs qui eux courent dans les descentes parce que sinon c'est trop facile, apprendre à connaître Alfredo et nos compagnons de fortune autour de repas incroyables (on a même eu droit à un condor sculpté en légumes et à un gâteau avec décor en glaçage le dernier soir, un truc que je serais incapable de faire dans ma cuisine mais que le cuisinier prépare sans problème sous tente dans la montagne), autant de souvenis inoubliable qui compensent largement le mal de genoux !
Mais tout ça ce n'était que le chemin... Le 4ème jour, le réveil a sonné à 3h30, en théorie pour partir le plus vite possible en direction du checkpoint, qui ouvre à 5h30, avant de faire encore 2h de grimpette pour enfin arriver au Machu Picchu avec les premiers rayons de soleil. Sauf qu'au moment de se lever, on découvre qu'il pleut des cordes, et au checkpoint il n'y a pas d'abri, Alfredo décide donc de nous faire nous abriter sous une tente en attendant l'heure d'ouverture. S'en suit donc une très longue attente sous la pluie et dans le noir, emballés dans nos super ponchos en plastique... Heureusement le soleil a fini par se lever, et la pluie nous a un peu laissés tranquilles, on a donc pu partir pour le checkpoint et les derniers kilomètres avant de découvrir le Machu Picchu depuis la porte du soleil, le col qui domine le site. Enfin, ça, c'est en saison sèche, ou quand on a de la chance en saison des pluie. Nous on a donc pu découvrir ça :
Petite déception donc, mais heureusement, à mesure qu'on est descendus vers le site le brouillard s'est levé, et on a quand même pu profiter de la vue mythique de ce site extraordinaire :
On a eu droit à une visite guidée du site à l'arrivée, mais je dois avouer qu'on n'était pas des plus attentives... L'idée de continuer à grimper des marches nous motivait moyennement, et on rêvait surtout d'une douche (sous tente, c'était hors de question) et d'un vrai lit ! On est quand même redescendues (...en bus) aux alentours de midi à Aguas Calientes, la ville la plus proche où campent les visiteurs, pour manger un peu et s'installer à l'hôtel avant de passer plusieurs heures sous l'eau chaude. On devait remonter le lendemain matin pour grimper sur le Wayna Picchu, la montagne du fond, mais l'état des genoux de Yo et la fatigue générale, ajoutés au fait qu'il pleuvait et que la vue était donc très loin d'être garantie, nous ont fait renoncer assez vite et on s'est donc contentées de se promener une dernière fois dans les ruines avec nos amis américains avant de prendre ensemble le train du retour vers Cusco.
On est reparties le lendemain pour Lima (oui, en bus) pour y passer la nuit avant de continuer vers Huaraz, ville voisine d'un des plus grands sites archéologiques de la région (accessible en voiture, celui-là !), Chavín. Malheureusement on n'avait pas très bien prévu notre coup et on est arrivées un lundi, jour de fermeture hebdomadaire... Comme on devait arriver en Equateur à date fixe pour prendre l'avion on n'a pas pu le visiter cette fois-ci, mais c'est toujours une occasion de revenir ! Le lendemain on a continué vers Trujilllo, sur la côte péruvienne, pour visiter le site de Chan-Chan, autre immense site archéologique pré-inca. On ne sait pas grand chose de ses habitants, si ce n'est qu'ils aimaient faire les choses en grand...
On est ensuite parties à Chiclayo, sur la côte péruvienne toujours, pour visiter le musée construit autour du trésor du Seigneur de Sipán, un seigneur pré-inca dont la tombe a été retrouvée intacte avec tous ses ornements et ses trésors. Malheureusement pas de photos ici, mais une visite vraiment intéressante, et une collection superbe de bijourx de tous les matériaux imaginables. Une très belle façon de dire au revoir au Pérou !
Notre défi suivant était de trouver un bus pour passer la frontière équatorienne, une affaire un peu compliquée par l'absence de tout renseignement... On a donc opté pour le premier bus (3h30) pour Piura, la ville la plus proche de la frontière, où on est arrivées à 6h30 pour trouver un bus à destination de Loja, permière ville du côté équatorien, à 9h. Enfin, trouver... La compagnie était recommandée dans notre guide et semblait plutôt bonne, mais quand le taxi nous a fait signe de passer dans une cour derrière un bureau pour trouver un simili-guichet désert, on a commencé à avoir des doutes. Et il semble que si la majorité de la flotte de la compagnie est en bon état, on ait hérité du seul bus franchement pourri de la région... Enfin rien de bien grave, mais juste pas d'air conditionné ni d'espace et des toilettes un peu aléatoires pendant 9h. Il faisait donc un peu chaud, et c'était un peu long, mais le passage de la frontière (à pied en prenant un pont pour retrouver le bus de l'autre côté, c'était une première) s'est fait relativement facilement, et à l'exception de quelques vendeurs ambulants atypiques (mon préféré reste celui qui voulait nous vendre des plantes laxatives en mentionnant Dieu à toutes les fins de phrase) sans trop d'aventures. On a donc fini par arriver à Loja où on a passé la nuit avant de continuer vers Cuenca, une jolie ville du sud équatorien surtout connue comme étant la capitale du chapeau Panama (qui ne vient absolument pas du pays du même nom mais bien d'Equateur, il porte ce nom car il a été largement utilisé par les ouvriers qui creusaient le Canal du même nom, ce qui a assuré sa popularité). On a donc fait notre shopping et flâné un peu pour se remettre de nos émotions...
Après ces quelques jours nous sommes reparties pour Quito, d'où nous avons pris l'avion pour les Galápagos... La suite viendra bientôt !